Proposition pour la mise en application d'un protocole de trafic  SSB

par Christian DAZENIERE F5ZN

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Cette suggestion a pour but de faire modifier par l'IARU, certaines recommandations obsolètes, afin de rendre compatibles la technologie actuelle de nos équipements et une nouvelle façon de trafiquer.

L'objectif recherché est de proposer à l'ensemble de la communauté Radioamateur, via les associations des différents pays, un moyen simple, efficace et gratuit, permettant de réduire considérablement le brouillage supposé inévitable entre deux émissions adjacentes.

L'autre finalité, est de permettre la cohabitation d'un plus grand nombre de QSO sur les différentes bandes HF .

Une répartition logique des fréquences permet en outre de proposer aux opérateurs celles qui ne sont pas occupées et sur lesquelles ils pourront lancer un appel sans risquer d' interférer avec les QSO adjacents.

Constat:

Depuis des décennies, l'écoute de n'importe quelle bande de fréquence fait apparaitre un nombre considérable de brouillages entre radioamateurs.

Ces brouillages sont le fait que certains QSO se chevauchent littéralement, puisqu'ils ne sont espacés très souvent que de 2 KHz, voire moins, alors qu'il existe sur la bande des espaces paradoxalement non utilisés.

Or, même les plus récents DSP employés dans nos récepteurs sont évidemment incapables de séparer deux émission SSB dont les spectres HF se recoupent .



Ce phénomène récurent provoque une gène dont l'importance dépend :

1) De l'espacement entre deux émissions,

2) De la force des signaux respectifs,

3) De la qualité des émissions,

4) De la sélectivité des récepteurs, notamment en terme de facteur de forme des filtres.


Quelques explications:

Adoptons comme postulat qu'un émetteur SSB bien conçu et correctement employé, utilise un spectre HF de 2,500 KHz, minimum nécessaire à la transmission de la voix humaine.

Contrairement à une émission AM qui utilise les deux bandes latérales, la bande latérale non désirée d'une émission SSB est atténuée de 50 dB, ce qui représente un rapport de 1 à 100.000 !

En théorie, un émetteur SSB de 100 Watts génère 99.99 Watts sur la bande latérale sélectionnée, et seulement UN MILLIWATT sur l'autre bande latérale, ce qui est complètement négligeable.

Dans un récepteur, la réjection de la bande latérale non désirée est aussi de 50 dB, ce qui représente une atténuation énorme.

Dans des conditions normales de trafic, cette double caractéristique technique rend donc le récepteur réellement sourd au contenu de la modulation qui s'effectue pourtant sur la même fréquence, mais sur la bande latérale non désirée. Cela peut facilement être vérifié lors d'un liaison radio.

Cette particularité technique COMMUNE A TOUS LES TRANSCEIVERS, permet donc la cohabitation harmonieuse et parfaite de deux émissions SSB, dos à dos, EXACTEMENT SUR LA MEME FREQUENCE PILOTE THEORIQUE, chacune sur une bande latérale différente, SANS AUCUNE PERTURBATION RECIPROQUE .

Pour obtenir deux couples de QSO supplémentaires, il suffit de les espacer de 5 kHz de part et d'autre de cette fréquence pilote, mais en respectant impérativement le protocole qui consiste à n'utiliser que les fréquences se terminant par 0,00 kHz ou 5.00 kHz. C'est à dire : 3700 et 3705 kHz, 18140 et 18145 kHz...

En fait, pour ne plus se gêner mutuellement, il suffit de modifier nos fréquences habituelles de seulement 1 ou 2 kHz pour obtenir des fréquences "rondes" nous permettant d'utiliser INDIFFEREMMENT L'UNE OU L'AUTRE DES BANDES LATERALES, en fonction de leur disponibilité. Par exemple, un QSO sur 7094 kHz et un autre sur 7096 kHz, tous deux en LSB, peuvent très bien se positionner tous les deux sur une fréquence "ronde" 7095 kHz, l'un en USB, l'autre en LSB, pour supprimer toute trace d'interférence sans avoir besoin de "raboter" la bande passante!

Quoi de plus facile !

Ce protocole permet en outre une OCCUPATION OPTIMALE ET COMPLETE de nos bandes afin d'y établir des QSO TOUS LES 2,5 KHz , SANS ESPACE PERDU ET SANS CHEVAUCHEMENT, tout en sauvegardant NATURELLEMENT la largeur minimum du spectre nécessaire à UNE MODULATION SSB DE QUALITE .

Ce protocole rend donc possible l'installation de quatre QSO sur une plage de 10 KHz, ou de QUARANTE QSO SUR UNE PLAGE DE 100 KHz !

Cela dépasse largement le nombre de QSO installés aujourd'hui sur nos bandes.



Exemple typique de la répartition actuelle des QSO LSB sur la bande des 40 mètres en pleine activité un samedi matin. L'absence d'un protocole de trafic provoque la juxtaposition anarchique de la majorité des émissions.



Exemple d'une occupation judicieuse d'une plage de 10 kHz par quatre QSO.

L'utilisation d'un protocole de trafic USB/LSB au pas de 5 kHz permet d'alterner les QSO LSB/USB pour éradiquer efficacement tout risque de chevauchement et d'occuper l'intégralité de nos bandes, sans QRM et sans espace perdu entre deux QSO, tout en sauvegardant l'indispensable spectre de 2500 Hertz nécessaire au trafic SSB.
 



Le MEME NOMBRE de QSO idéalement réparti sur la bande des 40 mètres, mais cette fois, SANS INTERFERENCE !



Alors, pourquoi hésiter à faire l'effort d'améliorer radicalement le confort de nos liaisons, à moins d'être réellement masochiste !!!



Grace à la précision de nos appareils, il est en effet bien facile de lancer un appel uniquement sur ces fréquences prédéterminées tous les 5 kHz, en tolérant toutefois le décalage éventuel de 100 ou 150 Hertz d'un correspondant qui utiliserait un émetteur basique conçu par lui ou ancien ou moins précis .

Autre avantage : tous les transceivers relativement récents, disposent d'une programmation optionnelle au PAS DE 5 KHZ, IDEALEMENT ADAPTEE A CE NOUVEAU TYPE DE TRAFIC.

Ce procédé permet en effet le balayage très rapide de TOUS LES SEGMENTS LIBRES OU OCCUPES, d'abord en USB, puis en LSB, ce qui ne nécessite qu' UNE SEULE manipulation du commutateur USB/LSB lors du changement de mode en fin ou en début de bande.

De plus, puisque seules les fréquences prédéterminées sont utilisées, il devient inutile d'affiner le réglage du VFO, ce qui offre encore un réel avantage en terme de confort d'écoute.

Seul, le réglage du RIT permet éventuellement de syntoniser son récepteur sur l'émission légèrement décalée d'un correspondant.


Quelles sont les autres solutions?

1) Puisque le spectre conventionnel d'une émission SSB est de 2500 Hertz, il peut sembler logique de conserver toujours la même bande latérale et d'espacer de 2,5 KHz les fréquences pilotes des QSO.

Techniquement c'est relativement efficace, mais il subsiste des tonalités perturbatrices dans le haut du spectre causées par l'émission adjacente. Cela oblige l'opérateur à réduire la bande passante de son récepteur, donc à altérer la qualité BF et la compréhensibilité de son correspondant, ce qui n'est pas le but recherché.

2) En conservant toujours la même bande latérale, une autre solution serait d'espacer les QSO de 3 kHz afin d'atténuer valablement les interférences. Pourquoi pas ? Mais, dans ce cas, il serait dommage de perdre 500 Hertz entre deux QSO et de réduire inutilement le nombre de QSO possibles.

3) Ces deux possibilités sont difficilement exploitables et ne permettent pas l'utilisation commode d'un pas de 2,5 ou de 3kHz .


Conclusion :

L'adoption d'un protocole de trafic USB/LSB au pas de 5 kHz ne serait-il pas envisageable dès à présent?

L'antique et sage recommandation qui consiste à écouter avant d'émettre et à demander si la fréquence est libre avant de lancer appel a largement fait preuve de ses limites, sauf dans le cas idéal ou vous vous prépariez à émettre EXACTEMENT sur la fréquence d'un QSO en cours. Le plus souvent hélas, puisqu'il n'existe pas de règle établie, on s'intercale donc n'importe où entre deux QSO, on demande si la fréquence est occupée et, sans réponse, on démarre innocemment un QSO .

Cette méthode empirique attire trop souvent des protestations en raison des interférences plus que probables, provoquées par et à l'encontre d'un QSO trop proche. Or, la plupart des brouillages actuels sont involontaires et inévitables, justement parce qu'il n'existe toujours pas à ce jour le moindre protocole de trafic adapté à la situation.

Le principe rétrograde qui préconise l'utilisation exclusive d' une seule bande latérale supérieure ou inférieure en fonction de la bande de fréquence employée ne se justifie nullement.

Qu'en pensez-vous ?

Vous êtes peut-être satisfait des conditions de trafic actuelles, mais ne serait-il pas bon de vérifier par vous même la pertinence éventuelle de cette proposition ?

Si vous estimez au contraire que cette proposition est dans l'esprit du Radioamateurisme de demain et dans le respect de vos valeurs, alors exprimez-vous auprès de ceux qui sont censés vous représenter au sein de l'Union internationale des Radioamateurs (IARU).

Aucune interdiction ne vous empêche dès aujourd'hui, d'expérimenter et de faire connaître ce protocole de trafic USB/LSB au pas de 5 Khz. Expliquez bien son intérêt et son extrême facilité à ceux qui peuvent être surpris de vous trouver sur une bande latérale inhabituelle.

Ne serait-t-il pas temps de prendre enfin une décision commune si vous êtes excédé de ne pouvoir comprendre une station DX ou QRP parce qu'il y a un OM qui lance appel à 1 ou 2 kHz ou par le fait que votre QSO habituel soit bêtement et systématiquement perturbé par un autre QSO trop proche et dont la fréquence "inamovible" a été choisie par le plus grand des hasards il y à 25 ans !

Or, il est tout à fait possible d'éviter ce genre de perturbation sans recourir à l'utilisation d'une puissance HF démesurée, complètement inutile dans la plupart des liaisons locales ou DX .

L'avenir du Radioamateurisme n'implique-t-il pas une nouvelle ouverture d'esprit laissant de côté les habitudes et les mentalités d'un autre âge ?

C'est tout simplement une réponse de bon sens qui sera susceptible de donner une nouvelle image du monde Radioamateur.

Mais cela dépend aussi de vous !

Bien cordialement.

Christian DAZENIERE, F5ZN.
 

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